Sommes-nous en train d’assister à un coup d’État climatique? C’est la thèse de Mark Alizart, dans un ouvrage paru aux PUF. Le philosophe met en garde: devant l’émergence d’un carbofascisme dopé par la crise climatique, l’écologie doit sortir de sa fébrilité et de son conservatisme. Rencontre.
Il y a quelques années, dans sa contribution à un essai collectif, Bruno Latour formulait l’hypothèse suivante: les élites politiques ne font pas preuve de passivité face à l’urgence climatique par ignorance ni incompétence. Elles perçoivent les conséquences de notre exploitation irréfléchie des ressources terrestres, mais elles ont bien l’intention de les faire payer aux autres: devant l’imminence du naufrage, elles mettent la main sur les canots de sauvetage.
Dans son petit livre dense et percutant, publié aux PUF, dans la collection «Perspectives critiques», Mark Alizart propose d’aller plus loin. Et si l’inaction de celles et ceux qui nous dirigent était réfléchie, avec en vue de tirer parti économiquement et politiquement du désastre? La crise climatique n’est-elle pas le moyen qu’a trouvé un capitalisme en crise de se perpétuer? Il précise sa pensée dans un passionnant entretien.
Géographies en mouvement – Dans les premières pages de votre livre, on peut lire: «il n’y a ni effondrement ni fin du monde». Le monde à venir sera le théâtre d’une myriade de catastrophes dont ne manquera pas de se nourrir un «capitalisme du désastre», selon l’expression de Naomi Klein. En quoi ce diagnostic offre-t-il une divergence fondamentale avec les théories de l’effondrement?
Mark Alizart – La divergence fondamentale, elle est politique. Si on meurt tous d’un coup, par définition, il n’y a plus de politique. Si on meurt lentement, les uns après les autres, alors il y a un pouvoir politique qui choisit qui doit vivre et qui doit mourir, un pouvoir «nécropolitique», comme le dit Achille Mbembé. Peut-être les collapsologistes ont-ils raison et le monde va-t-il effectivement s’effondrer d’un coup comme un château de cartes. On verra bien.
Pour l’instant, ce n’est pas la tournure que prennent les événements. On voit bien que, déjà, le désastre fait des gagnants et des perdants. Les gagnants sont les compagnies qui privatisent l’eau, qui vendent des semences résistantes à la sécheresse, ou des armes à des dictateurs menacés par des émeutes de la faim. Les perdants, comme toujours, sont les pauvres, les personnes de couleur et les femmes. Pour ces industriels, la catastrophe est un marché comme les autres. Leur but est juste d’être les derniers debout à la table de poker du monde. S’ils y arrivent, ils rafleront la mise de tous les autres en effet. Il n’y aura jamais eu de fin du monde pour eux, la crise écologique s’étant résolue d’elle-même après que la pression démographique aura été réduite d’autant par la disparition de ses victimes.
Je crois que la collapasologie masque cette réalité et s’en fait, par conséquent, l’alliée objective, un peu à la manière dont Lukacs pensant dans les années 1950 que le concept d’«Être-pour-la-mort» heideggerien ou sartrien, malgré sa grandiosité, était surtout un moyen bien utile à la bourgeoisie de se dissimuler le fait que les prolétaires mouraient quand même en bien plus grand nombre. Elle empêche de politiser la crise écologique et, dès lors, d’agir dessus efficacement.
GEM – Vous pointez le risque d’avènement d’un «carbofascisme», terme emprunté à Jean-Baptiste Fressoz. Autrement dit, les conséquences du dérèglement climatique offrent un boulevard à l’alliance entre le capitalisme et l’autoritarisme politique – qu’on observe déjà aux États-Unis, au Brésil ou aux Philippines. Quelles sont les caractéristiques de ce fascisme carboné, politiques mais aussi sociologiques?
MA – Le carbofascisme désigne la possibilité de se servir de la crise écologique pour faire avancer un agenda illibéral. Il est clair que si la situation venait à empirer dans le sens que les climatologues prévoient, nous verrions en effet des populations demander d’elles-mêmes des mesures fascisantes pour s’en protéger. Par exemple, on peut imaginer ce que produirait sur l’imaginaire collectif une arrivée massive de réfugiés climatiques sur les côtés méditerranéennes cent fois supérieure à celle qu’on connaît depuis dix ans. Si déjà certains tirent à vue en mer sur les migrants aujourd’hui, les médias appelleraient sans peine à ce qu’on bascule dans un état d’exception dont beaucoup de dirigeants rêvent déjà – les gouvernements brésiliens, américains ou philippins en effet, mais aussi chinois, hongrois, russes…
Mais sans aller jusqu’à cette extrémité, on peut s’inquiéter de ce qui se passe en Afrique du Sud, dans les régions où l’eau a cessé de couler du robinet depuis quelques années (le «zero day»). Les populations ne se sont pas organisées en écovillages autogérés, comme les effondristes parfois imaginent les choses – et c’est un autre différend majeur qui me sépare d’eux. L’armée a pris le relais et distribue des jerrycans. La militarisation du pouvoir, c’est la zone grise qui sépare un État fonctionnel d’un État effondré. La crise écologique profitera à ce transfert de souveraineté du pouvoir civil vers le pouvoir militaire, voire paramilitaire, d’une manière dont on n’a pas encore suffisamment idée, sauf à l’extrême-droite précisément où, au contraire, on s’y prépare activement.
C’est bien la raison pour laquelle les «populistes» nourrissent une telle passion pour les énergies carbonées et s’emploient tant à alimenter la machine de la désinformation en matière climatique. Il s’agit pour eux de faire en sorte que la crise écologique ait lieu, le plus tôt possible, et le plus fort possible. C’est ce que j’appelle le «coup d’État climatique».
GEM – En lien avec cette hypothèse du carbofascisme, vous voyez des points communs entre la situation actuelle et les années 1930. Vous invoquez Trotski, critiquant la passivité de la gauche européenne face à la montée du nazisme, pour appeler à la constitution d’un front politique unique. Celle-ci s’appuierait sur un travail de politisation de la crise climatique, notamment le fait d’en nommer les «vraies victimes», pour montrer combien l’humanité ne paiera pas uniformément les conséquences du réchauffement. Faut-il y voir une opposition à la notion d’Anthropocène? Celle-ci jouit d’une grande popularité au sein des sciences sociales, comme l’a montré Andreas Malm – tend à dépolitiser la question écologique en considérant l’humanité comme un tout homogène.
MA – En 1932, Trotski a dit «Attention!» à la gauche allemande. – «Attention, le nazisme n’est pas un parti comme les autres! Il n’est pas là pour réformer la société mais pour la détruire. Ne le traitez donc pas comme un acteur rationnel qui va se plier au jeu démocratique…» C’était un an avant l’incendie du Reichstag qui fait basculer, de fait, l’Allemagne dans la dictature. Cela m’inspire pour dire «Attention!» de la même manière aujourd’hui à la gauche. – «Attention, nous ne prêtons pas assez attention au carbofascisme!» Les mégafeux de l’Amazonie sont nos incendies du Reichstag.
À croire que tout le monde a le même intérêt à sauver la planète (puisque ne pas la sauver équivaudrait à mourir collectivement, selon l’hypothèse effondriste), nous passons à côté du fait que certains ont intérêt à la détruire et qu’ils n’ont aucune intention de se plier de bonne grâce à nos injonctions de «changer de modèle», aussi rationnelles nous semblent-elles. Et quand je dis «certains», je ferais mieux de dire «beaucoup».
Vous citez Andreas Malm. Je ne crois pas que le fait de substituer le «capitalocène» à «l’anthropocène» change grand-chose à cette histoire, au contraire: s’il n’y a que des vilains capitalistes qui veulent la mort de la planète, on ne peut pas comprendre ce qui porte électoralement le carbofascisme, sa base «sociologique», pour reprendre votre mot. Un autre aspect des choses qui justifie qu’on compare la situation actuelle avec celle décrite par Trotski, c’est que le carbofascisme incarne, comme le nazisme jadis, l’espoir paradoxal de toute une partie de la population qui a été exclue de la mondialisation – la petite bourgeoisie déclassée et le lumpenprolétariat, pour reprendre la terminologie marxiste – de tenir sa revanche sur ses bénéficiaires. Presque la moitié des citoyens des nations industrialisées ne rêvent que d’une chose: réduire cette civilisation en cendres. Et le changement climatique est le moyen que le carbofascisme leur offre d’y parvenir.
GEM – Vous attaquez l’idée de frugalité, qui serait réservée à des gens qui peuvent se le permettre, alors que des milliards d’êtres humains «n’aspirent qu’à manger de la viande tous les jours et à posséder une voiture». On peut y voir la dénonciation salutaire d’une écologie d’inspiration réactionnaire et malthusienne, dont on retrouve les accents par exemple chez Pierre Rabhi ou l’association suisse Écopop. Mais faut-il s’interdire une réflexion critique sur nos pratiques de consommation, comme le fait Razmig Keucheyan à propos des «besoins artificiels»?
MA – Non bien sûr. Ne serait-ce que parce que la question du consumérisme n’impacte pas seulement le climat, mais les réserves de ressources non-renouvelables qui sont un autre élément clé de l’équation planétaire. Comme l’a montré le Club de Rome, il faut réussir à ménager ces ressources non-renouvelables, faute de quoi, même si nous parvenons à éviter une crise climatique, nous n’éviterons pas une crise économique.
Seulement, je ne crois pas qu’on changera les hommes. L’homme est un être de désir, pas de besoin. En ce sens, il est un être d’artifice, quoi qu’on fasse. La seule solution consiste donc à rendre cet artifice plus difficile à atteindre. Je crois plus à la lutte contre l’obsolescence programmée, à l’adoption de la consommation en circuit fermé (le marché de l’occasion) et en circuit court, au zéro déchet, au développement des services publics de mobilité, et surtout aux effets de marché qu’au changement des comportements individuels.
On ne consomme trop que parce qu’on ne consomme pas assez cher. Si on devait payer le prix des externalités négatives des produits que nous consommons, on en consommerait moitié moins. À des taxes sur les «besoins artificiels», oui, je suis favorable. D’autant que je ne crois pas que ça implique automatiquement, comme on l’a dit après le fiasco de la taxe carbone, une amputation du pouvoir d’achat des plus pauvres. L’économiste James Boyce montre très bien dans The Case for Carbon Dividends que les fruits d’une taxe carbone devraient être précisément reversés aux plus pauvres, afin qu’ils deviennent créditeurs nets du climat s’ils produisent moins d’externalités négatives qu’ils en consomment, contrairement au plus riches, qui deviendraient débiteurs nets du climat.
GEM – Pour lutter contre le réchauffement, vous défendez le recours à la technologie, en particulier à «une géo-ingénierie verte». Cela vous expose à des critiques récurrentes, formulées par des gens d’horizons idéologiques variés comme Clive Hamilton, Dominique Bourg ou Daniel Tanuro: les technologies comme la propulsion d’aérosols sulfatés dans la haute atmosphère auront des effets imprévisibles; la séquestration du CO2 sous terre est gourmande en surface et son efficacité est incertaine; les évolutions technologiques s’accompagnent d’un effet rebond; etc. Que répondez-vous à ces mises en garde?
MA – Ce n’est pas idéal en effet mais, pour filer la référence à Trotski, je répondrais que ce n’était pas idéal non plus de déclarer la guerre à Hitler; l’idéal c’eût été qu’il retirât ses chars de Pologne, malheureusement, il ne l’a pas fait. En matière climatique, on peut dire qu’il aurait été idéal qu’on commençât à réduire l’empreinte carbone de nos économies il y a quarante ans, après le congrès de Rio, comme on s’y était engagés, mais on ne l’a pas fait.
Alors on fait quoi maintenant? Bien sûr, il faut continuer à insister pour que nos émissions de carbone soient réduites, c’est la seule solution durable. Mais c’est aussi le problème. On n’y arrive pas, soit parce que c’est très difficile, soit parce que certains ne veulent pas qu’on y arrive, comme je l’ai dit plus haut. Et même si on y arrivait, il est probable que ça ne serait pas suffisant parce que le CO2 dans l’atmosphère, comme vous le savez, est un stock, pas un flux, de sorte qu’on continuerait de remplir la piscine qui déborde déjà jusqu’au jour où on arriverait enfin à la neutralité carbone, ce qui n’arrivera pas avant 2050, au mieux, ce qui sera trop tard.
Donc il faut ce que Trotski appelait un «programme de transition» en attendant: un programme qui permette de faire la révolution avant que la révolution ait lieu. La géoingénierie en fait partie. Je sais que les écologistes trouvent ça détestable, et j’entends pourquoi – faire la guerre aussi est détestable – mais c’est la guerre, la guerre climatique a déjà commencé, on n’y peut rien. Alors soit on cherche des armes, comme le disait Deleuze («fuir, mais en fuyant, chercher une arme»), et on a un mince espoir de gagner cette guerre. Soit on continue de crier «la décroissance, la décroissance, la décroissance» en sautant sur sa chaise comme un cabri, et on est sûr de la perdre. Du reste, ne nous faisons pas d’illusion, quand les Chinois ou les transhumanistes eugénistes de la Silicon Valley se mettront unilatéralement à la géoingénierie, parce qu’ils s’y mettront, il vaut mieux qu’on s’y soit mis avant eux, parce que ce jour-là il faudra pouvoir leur opposer des arguments serrés pour les empêcher de faire n’importe quoi, autrement dit, il faudra leur proposer des options alternatives et en particulier, un modèle politique prêt à l’emploi d’instance de gouvernance mondiale du climat.
Maintenant soyons clair, je ne crois pas que l’arme de la géoingénierie sera suffisante, sauf à ce qu’une bombe H contre les industries fossiles sortie d’un «projet Manhattan» écologique voie le jour, comme la fusion froide. Et je crois même que ceux qui prétendent qu’on n’a qu’à attendre qu’une «solution» sorte du chapeau d’un chercheur sont les idiots utiles des carbofascistes. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne faille pas chercher. C’est une question d’état d’esprit. Parce qu’attendre qu’une «solution» nous soit apportée par ceux qui ont créé le problème n’est pas plus viable. Il faut qu’on arrive à sortir de notre passivité face à la question climatique, de notre sidération presque. On doit pouvoir faire mieux que les «gestes barrières» climatiques qui nous font seulement acheter du temps contre le désastre. On doit réussir à se dire qu’on a les moyens techniques, financiers, politiques, de reprendre le destin de la terre entre nos mains.
La géoingénierie est un instrument pour y parvenir, mais j’y inclus tout ce qu’on pourrait placer sous le terme «d’écologie proactive»: la nationalisation des terres arables pour les soustraire aux pesticides sans attendre leur hypothétique interdiction, la prise de participation hostile au capital des banques et des industries polluantes pour les contraindre à changer de cap sans attendre une éventuelle contrainte politique qui ne vient jamais, et donc, oui, le financement de la recherche dans la séquestration de carbone, les bioplastiques, les énergies renouvelables, sans attendre que les industriels se décident à nous faire la grâce de réduire leurs émissions…
GEM – Plus largement, vous défendez une vision prométhéenne de l’humanité, dotée du «pouvoir (…) infiniment poétique de transformer la nature». C’est, au moins en surface, à contre-courant des critiques de la modernité formulées par Philippe Descola ou Augustin Berque: sans céder à l’animisme, l’un et l’autre contestent l’opposition binaire et la relation instrumentale entre humanité et nature. Questionner le rapport au monde de l’humanité n’est-il pas un aspect incontournable de la gestion de la crise climatique?
MA – Évidemment, mais je ne propose pas d’en revenir à Descartes! Ce que je dis c’est que le dépassement de l’opposition entre humains et non-humains, qui était essentiellement le programme du romantisme allemand du début du dix-neuvième siècle, a été, pour l’essentiel, accompli. Il a été accompli en pensée d’abord par Hegel qui a posé, dans La Phénoménologie de l’Esprit, que l’Esprit est un phénomène précisément, et que la chose est, réciproquement, un Concept, autrement dit, que l’opposition entre nature et culture est une construction qui ne supporte pas l’examen. Il a ensuite été accompli en actes par les Carnot, Joule, Boltzmann, Turing, Shannon, Wiener, Wheeler… qui ont montré, à l’occasion de leurs découvertes des lois de la thermodynamique, puis de la cybernétique et de l’informatique, que la matière est effectivement traversée par de l’information, du «spirituel», et l’Esprit, inversement, est soutenu par des échanges d’énergie, voire, comme l’a montré Rolf Landauer, que équivalence mathématico-physique entre énergie et masse (le fameux « E=mc2 ») est extensible à l’information (information=énergie=masse). La «Nouvelle Alliance» de Prigogine et Stengers, c’est ça!
L’heure est donc à repenser notre lien au monde à travers ce prisme. Notre nature n’est plus celle des Anciens, et pas non plus celle des Modernes. C’est une nature dont on sait que la changer nous change, et réciproquement. Mais ce n’est pas une nature qui nous dit de ne rien changer! Dire que les «forêts pensent» pour prouver qu’il n’y a pas de relation binaire entre l’homme et son environnement sans dire ce que pensent les forêts, ni comment, c’est-à-dire sans faire référence au concept d’information, ça n’apporte rien.
Ce qui doit nous intéresser est de savoir comment traduire politiquement ce que la philosophie et les sciences nous apprennent au sujet des échanges entre information et énergie. Là-dessus on sera d’accord qu’il reste du travail à faire puisque, depuis Hegel et Carnot, la relation homme/nature n’a cessé de se dégrader. Mais là encore, ce n’est qu’un chantier à ouvrir, ou plutôt à reprendre. Marx et Engels, avant nous, ont tenté d’appliquer les principes de la thermodynamique à l’économie pour penser une société qui réconcilierait la nature et l’humanité. Ce ne fut pas un franc succès, bien sûr. Il n’empêche, c’est une base de départ et j’ai argumenté dans Cryptocommunisme que la raison de leur échec tenait plus à une méconception du concept d’information, qui était encore très mal compris dans les années 1870, qu’à un vice de forme fondamental dans leur démarche. Il y a eu aussi à partir des années 1970 les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen sur la «bioéconomie», et surtout ceux de René Passet, qui nous a laissé un grand livre, L’Économique et le Vivant. Où est passé cet héritage? Pourquoi n’essayons-nous pas de renouer avec lui plutôt que de de réinventer l’eau tiède?
C’est simple, si l’écologie n’arrive pas à se réemparer de ça, de cette pensée immense, et de cette pensée qui lui appartient, en plus, de cette pensée dont elle procède (qu’est-ce qui rend la pensée écologique possible, sinon de la thermodynamique appliquée?), bref, si elle continue à penser petit, elle fera petit. Notre espèce a besoin d’espoir, elle a besoin de pouvoir se projeter dans l’avenir, les humains, de manière générale, ont besoin de pouvoir se transcender. Le carbofascisme nous en propose un aujourd’hui, même s’il est mortifère. Il nous dit «Viva la Muerte!» et on sait combien en appeler à la pulsion de mort est paradoxalement mobilisateur, surtout quand c’est la pulsion de la mort des autres qui est vraiment en jeu. L’écologie doit pouvoir porter un contre-espoir aussi puissant, un grand récit anthropologique, cosmique même, opposé à celui du carbofascisme, un «Viva la Vida!», ou bien elle échouera et avec elle, nous. Pire, elle ne sera qu’un discours conservateur de plus. Et alors, elle n’aura pas seulement la guerre, elle aura le déshonneur.
Mark Alizart, Le Coup d’État climatique, PUF, 2020.
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