Gainsbourg à Vézelay (Yonne) fuyait les touristes qui mettent leurs pas, au solstice d’été, sur un mystérieux chemin de lumière. Dans ce temple de la Bourgogne qui offrait l’image cosmique de l’univers aux siècles d’or du Moyen Âge.
Chaque année, des milliers d’Anglais, de Japonais, de touristes lointains ou locaux se pressent en Bourgogne autour du solstice, l’été entre le 20 et 30 juin, ou vers Noël en hiver. Comme à Amiens ou Chartres et leurs célèbres labyrinthes, la basilique de Vézelay leur livre une part du mystère de l’espace. Bien avant les bougies, les lasers et autres artifices, voici tracées en neuf taches un chemin par les architectes du Moyen Age lorsque le soleil est au zénith. Une iconographie symbolique qui vient de l’art juif où le Temple (celui de Salomon à Jérusalem), c’est le cosmos. Des sources savantes comme les traités d’astronomie sur le gnomon.
Chaque épisode de l’année solaire est l’occasion de donner un message. Celui de l’été trace ce fameux chemin de lumière qui mène des ténèbres (le narthex) au ciel (le choeur). Un choeur gothique édifié un peu plus tard, ruisselant de lumière et figure de l’Indicible.
L’hiver, le soleil éclaire les chapiteaux, véritable bible de pierre. Ceux qui ne savaient pas lire avaient l’occasion de voir des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui seraient commentées le reste de l’année. L’hiver trace aussi un chemin plus ardu, avec des signes plus aigus, lorsqu’avec les colonnes, le soleil dessine des lames coupantes sur le sol.
Les bâtisseurs du Moyen Age qui commencent leurs travaux à Vézelay en 1120 sont des adeptes de Pythagore et son art de la proportion pour un effet d’harmonie totale. Ils christianisent le temps par l’espace. Ils écrivent un livre de pierre sur lequel crépitent les smartphones. Comme impuissants à saisir le langage d’une géographie terrestre toute orientée vers le ciel.
Pour en savoir plus : le chemin de lumière
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