
Belle idée que de stigmatiser les produits alimentaires industriels gavés de sucre, de sel et de gras. Quand des produits de qualité comme le roquefort sont directement menacés, Diderot et d’Alembert qui le qualifiaient de « rois des fromages » partiraient à la bataille contre Bruxelles. (Gilles Fumey)
Tout le monde se réjouit du Nutri-Score sur les produits alimentaires emballés : une aide précieuse à la décision pour les consommateurs très lisible et accessible. Feu vert (lettre A) pour les produits de bonne qualité, feu rouge (lettre E) pour tout ce qui est nocif. Bravo Serge Hercberg ! Il est rare que les nutritionnistes soient en phase avec les mangeurs et non pas les porte-parole de l’industrie agro-alimentaire.

Sauf que, pour le fromage de roquefort, ça ne va pas fort. Si la Commission européenne ne met pas d’eau dans son vin, voici notre star fromagère désignée à la vindicte des technocrates de la nutrition avec la note « E », la pire sanction pour un fromage sous appellations. Le Nutri-Score n’avait-il pas été pensé par le ministère de la Santé comme un moyen de lutter contre l’obésité ?
Pourquoi cette sale note ? Parce que la teneur en matières grasses (30%) et en sel (1809 mg pour 100g) est très élevée. Autant dire que de nombreux fromages, le beurre et la crème, les charcuteries et les viandes (porc, mouton) vont souffrir.
Les sept producteurs de roquefort (Roquefort Combes avec le Vieux Berger, les Fromageries occitanes, le Vernières, le Carles, le Gabriel Coulet, le Papillon, le Société) sont vent debout contre l’obligation d’étiquetage. Certes, la filière a l’habitude des combats : chaque crise diplomatique entre la France et les États-Unis se solde par une surtaxe américaine. Les producteurs qui exportent le quart des 16 000 tonnes qu’ils fabriquent chaque année (soit 250 millions d’euros) attendent un régime dérogatoire qui pourrait s’appliquer aussi aux autres appellations menacées d’une mauvaise note. Et pas seulement en France, mais en Angleterre avec le stilton et en Italie avec le parmiggiano reggiano et le grana padano.
Le Conseil national des appellations d’origine laitière (CNAOL) a beau expliquer aux eurocrates que ce sont les cahiers des charges des appellations qui fixent la teneur en ingrédients dans les fromages, rien n’y fait. Pour l’instant. Cette AOP (appellation d’origine protégée) créée en 1986, après l’AOC qui date de 1925, ne contient que du lait, du sel, de la présure et des ferments. Aucun additif ni conservateur : on ne peut plus simple. En l’état de la législation, si les producteurs voulaient changer la recette, ils devraient quitter l’appellation… Absurde.

Il n’y a que les industriels qui tentent de copier le roquefort pour en faire des produits qui lui ressembleraient. Lactalis, le roi des faussaires, s’est fait vertement réprimandée par la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, en 2019 pour appeler « Bleu de brebis » un ersatz de roquefort produit par Société des Caves à Rodez (Aveyron). L’emballage en boite triangulaire avec le logo ovale « Société » avait fait bondir José Bové qui accusait l’industriel de « tromperie », les 3500 éleveurs de brebis de « fraude au consommateur ». Un accord aurait été trouvé début 2021 pour modifier l’emballage.
Pour entrer dans les clous du Nutri-Score, il n’y aurait qu’à remplacer le sel par des additifs et des conservateurs. Pas malin… Quand on sait que les appellations laitières, y compris la crème et le beurre sont, en France, des productions d’assez haut de gamme pesant 2,4 milliards d’euros, le dossier remonte à l’Elysée.
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faut savoir ce que nous voulons! ne pas mourir trop tôt d’artériosclérose en ayant coûté un max à la société en dépenses de santé ou bouffer du gras de mouton à tirelarigot? manger du roquefort est comme manger du beurre direct, seulement c’est le gras et ses arômes qui nous rend addict , il faut bien se faire plaisir de temps en temps, sinon la vie ne vaudrait pas la peine, le nutri-score nous rappelle qu’il convient de consommer avec discernement et modération, je ne pense pas qu’il fasse chuter les ventes longtemps! la faute en revient à nos anciens despotes qui ont fait mourir nos ancêtres forts, vigoureux, résistants, par millions à la guerre, pour ne nous laisser que leur production chimique pour l’agriculture et qu’une flopée de maladies génétiques, d’allergies…
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