
L’espérance de vie (avec l’éducation) est l’indicateur-phare de la qualité de vie dans un pays. Aux États-Unis qu’on présente toujours comme le pays le plus riche du monde, l’espérance de vie ne cesse de reculer. En 2022, on est revenu au niveau de 1996. (Gilles Fumey)
Et ce n’est pas le Covid qui en est la cause principale. Même si en 2021, l’espérance de vie des Étatsuniens a reculé de douze mois. Autrement dit, les bébés de 2021 peuvent compter vivre jusqu’à 76,1 ans (soit moins qu’au Sri Lanka, pays « pauvre »). Ces chiffres ahurissants viennent des centres de contrôle et de prévention contre les maladies (CDC). L’agence de santé publique constate une érosion depuis plusieurs années : l’âge moyen du décès était à près de 79 ans en 2019. Jamais on n’avait constaté un tel décrochage depuis les années 1922-1923. Les gains depuis 1996 ont été effacés.
L’écart entre les hommes et les femmes s’est encore creusé : 73,2 ans pour les hommes, 79,1 ans pour les femmes, soit près de six ans. Les premiers ont été plus touchés que les secondes par le Covid, comme partout ailleurs dans le monde.
Violences par overdoses
Certes, la pandémie qui a fauché plus d’un million d’Étatsuniens est incriminée et les statisticiens s’y accrochent. Mais ils ne s’attardent pas beaucoup sur les morts par overdoses qui ne cessent de s’accroître depuis plus de trente ans. Sur cette lancée inquiétante, la seule année 2021 a vu 107 000 personnes mourir à cause des prises de drogue (héroïne, fentanyl, etc.). Avec plus de 20 000 morts par rapport à l’année 2020. Inquiétant, non ?
Si l’on compare avec les armes à feu, on est à près de 50 000 morts en 2021, moitié par agression criminelle, moitié par suicide. Cette violence touche inégalement la population.

Les Amérindiens et les Inuits (Alaska) ont perdu deux ans par rapport à 2020. Ces groupes sociaux ont une espérance de vie d’à peine 65 ans, soit pour le New York Times, ce qu’elle était en 1944. Victimes de l’alcoolisme et du tabagisme, ces populations ne sont plus épargnées par les opioïdes, notamment en Alaska.
Les Américains d’origine asiatique les mieux lotis
Mais la population blanche paie son tribut alors qu’on avait relevé une surmortalité chez les Noirs du fait du Covid. Pour les organismes de santé publique, les réticences de la population blanche du Sud face à la vaccination expliquent une surmortalité dans les comtés ruraux du Texas et de la Géorgie. La tendance de fond est que l’écart d’espérance de vie entre un bébé africain-américain (70,8 ans) et un bébé d’origine hispanique (77,7 ans) dépasse six ans, voire le double avec les Américains d’origine asiatique (83,5 ans).
Triste pays qui se veut le phare du monde…
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