Bataille mondiale contre la faim et pour une alimentation saine

Faim dans le monde
District d’Amboasary, Madagascar. © Photo : PAM/Tsiory Andriantsoarana.

Cela peut paraître une ritournelle connue, un marronnier de la presse comme on en lit chaque été, la question de la faim est bien plus que cela. La faim chronique qui touche une personne sur 10 est l’une des pires humiliations que puisse connaître un être humain, sachant que le tiers de la production alimentaire est gaspillé ou détruit. Un contre-sommet tente d’aller plus loin que l’ONU. (Gilles Fumey)

Cinq agences de l’ONU (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO, Organisation mondiale de la santé, Programme alimentaire mondial – prix Nobel de la paix 2020 –, Unicef et Fonds international de développement agricole – Fida) tirent la sonnette d’alarme : près de 120 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans la faim chronique en 2020. Avec une géographie très inégale : + 21% en Afrique, + 9,1% en Amérique latine, + 9% en Asie. Pour mieux saisir le drame : 2,37 milliards souffrent d’insécurité alimentaire, soit 30% de la population mondiale (une hausse de 320 millions de personnes par rapport à 2019, et pour la première fois, une hausse en Europe).

Les projections font froid dans le dos : dans les dix années à venir, ils seront 660 millions à souffrir de sous-alimentation. Ceux que la pandémie a jetés dans la faim en sortiront très difficilement : car après avoir diminué la quantité et la qualité des repas, les populations vendent leurs biens, y compris leur capacité de production comme on a pu le voir à Madagascar où 14 000 personnes, selon la FAO, ont vendu leurs terres et leurs animaux.

Cette année, on a vu des paysans africains jetant leurs récoltes qui n’avaient pas trouvé preneurs, des banques alimentaires débordées en Europe, des petites mains du secteur informel dans les mégapoles ayant tout perdu, des millions d’enfants privés d’école et de cantine scolaire. Les études de genre montrent que les femmes sont 10% plus touchées que les hommes par l’insécurité, du fait d’un accès au marché, au crédit, à la propriété très compliqué, posant ainsi la question de la transmission de la propriété terrienne, et la place dans les décisions communales et rurales.

Ce sont surtout les guerres, les chocs climatiques et les crises économiques agissant simultanément qui, pour Oxfam, sont le « cocktail explosif conflits/Covid/crise climatique » qui peut faire mourir jusqu’à 12 000 personnes chaque jour de sous-alimentation en cette année 2021.

Rappelons que le 2e des Objectifs du développement durable prévoyait une éradication de la faim d’ici 2030. Alors qu’un enfant sur cinq de moins de 5 ans (150 millions) souffre de retard de croissance avec, souvent, un trop faible poids à la naissance qui a un impact sur le développement cognitif, pour Dominique Burgeon (FAO à Genève).

Frisant le scandale, l’obésité adulte (à différencier du surpoids) touche 13% des plus de 18 ans et peut concerner des personnes au sein d’une même famille dans les pays en développement. Olivier De Schutter, qui fut rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, ainsi que son successeur Michael Fakhri ne cessent de marteler que trois milliards d’humains (près de 40% de la population mondiale) n’ont pas accès à une alimentation saine. L’alimentation industrielle est pauvre en nutriments, « remplit le ventre » mais ne donne pas de produits équilibrés.

Un rendez-vous est donné à l’automne 2021 (« Sommet des systèmes alimentaires ») pour mettre en tête des priorités contre la malnutrition, non plus seulement la traditionnelle aide humanitaire mais des réponses globales sur les inégalités d’accès et surtout sur la promotion d’une alimentation favorisant la santé et l’environnement. Ce qui a valu une critique féroce signée d’organisations de la société civile ou de scientifiques (Action contre la faim, CCFD-Terre solidaire, Confédération paysanne, Greenpeace France, Oxfam France et le Miramap) et de scientifiques dénonçant les partis pris protechnologiques. Du coup, un contre-sommet est organisé du 25 au 27 juillet pour demander une agriculture plus résiliente, une transformation de fond du système agricole industriel et chimique dont les impacts sur l’environnement sont dramatiques.


Pour un sommet plus démocratique

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