Saint Valentin, l’amour, la science

Lac Baker à Bolton-Est au Canada

Des bacchanales romaines à la fête marchandisée d’aujourd’hui, la célébration de l’amour reste un divertissement – dans ce que certains voient comme la morosité ambiante. Le détournement d’une carte du 16e siècle et les paysages insolites participent à cette poésie. (Gilles Fumey)

Qu’on s’étonne de voir le 14 février dans le monde comme une fête de l’amour ! Un tour du monde de ces attentions portées par les couples qui s’aiment est édifiant. Il n’y a guère que les pays d’Islam qui interdisent la vente de roses rouges, mais qu’en est-il des autres manifestations dans la sphère privée ?

Les géographes ont de quoi se divertir sur leur contribution à une esthétique du cœur, particulièrement présente ce jour-là. Car, après tout, les cartes, les paysages sont des objets d’art et de science. Même numérisés, ils se diffusent en gardant leur beauté énigmatique qui les rend encore plus poétiques.

Mappemonde d'Oronce Fine
Mappemonde en forme de cœur montrant la Terre australe (Recens et integra orbis descriptio) © Oronce Fine, 1534-1536.

Prenons la carte cordiforme (en forme de cœur) d’Oronce Fine. Elle répondait au 16e siècle à cette difficulté d’avoir la plus grande précision dans la représentation du monde. Mathématicien né à Briançon, Oronce Fine imagine une représentation du monde en 1536 qui est la première à fixer sur une carte les terres australes. Ces territoires inconnus étaient l’objet de toutes les spéculations, d’où ces profils imaginés de l’Antarctique prête à être peuplée…

Cette carte-cœur est pensée à partir des travaux du mathématicien de Nuremberg Johannes Werner. Sans le savoir, il est à l’origine d’une véritable mode des cartes cordiformes au 16e siècle, toutes éparpillées dans de multiples collections en Europe. Embastillé pendant sept ans pour s’être opposé à François 1er, Oronce Fine était aussi un astronome qui inventa un cadran solaire.

Špičnik, vignoble des collines slovènes occidentales, Kungota

L’imagination des scientifiques de l’époque tient à la découverte de la circulation du sang par William Harvey et le rôle, devenu central, du cœur dans le fonctionnement du corps humain. Le cœur qui « bat la chamade » est alors admis comme le siège des émotions, ce que contestaient vivement le médecin grec Galien au 2e siècle et les savants du Moyen-Age.

Ponte dei Salti (Lavertezzo, Tessin, Suisse)

On tient une excellente corrélation entre l’imaginaire d’un peuple et son usage pour penser les découvertes scientifiques. Cette association du cœur et de l’amour enflamme les imaginations au-delà de la science. Les photographes s’en donnent à cœur joie.


Pour nous suivre sur Facebook : https://www.facebook.com/geographiesenmouvement/

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s