D’où viendront les prochaines pandémies ? Dans un livre court et percutant, la journaliste Lucile Leclair désigne le principal coupable, l’élevage intensif.
En ces temps rythmés par le Covid-19, la majorité des débats se focalisent sur l’instant présent et les mesures à adopter face à la transmission de la maladie.
Il est pourtant fondamental, dès maintenant, de questionner les facteurs rendant possible de futures pandémies. L’omniprésence du transport aérien, la densification de la population et la destruction des écosystèmes sont (avec raison) régulièrement soulignés. Mais la lecture de Pandémies, une production industrielle ne laisse aucun doute, c’est de notre système agro-alimentaire industriel que pourrait émerger un futur agent pathogène transmissibles aux êtres humains.
Si l’épisode de coronavirus de 2020 n’est probablement pas lié à nos pratiques agricoles (mais alimentaires, oui !), l’organisation de la production de viande (excusez l’euphémisme) fournit un terreau favorable à l’émergence de nouveaux virus, potentiellement plus mortels que le Covid-19.
Outre le scandale éthique que constitue l’élevage concentrationnaire, ce dernier réunit un ensemble d’ingrédients pouvant faire émerger une nouvelle maladie transmissible à l’être humain : promiscuité des animaux entre eux et avec leurs déjections, nourrissage par des farines animales (entendez des résidus de cadavres d’animaux), division géographique du travail (des centaines, voire des milliers de kilomètres séparent généralement le lieu de naissance de l’animal de celui où il sera élevé et abattu), usage excessif d’antibiotiques (en prévention de maladies, mais aussi pour accélérer la croissance de l’animal) renforçant la résistance de superbactéries, etc.
En d’autres termes, nous avons là un système qui, non seulement occulte la souffrance animale et fournit une nourriture de piètre qualité, au détriment des consommateurs et des travailleurs du secteur, mais qui rend probable une future pandémie.
Ces pratiques scandaleuses, aussi incohérentes puissent-elles sembler, ne le sont pas au regard de l’objectif et du résultat final : une concentration des richesses et des profits par une poignée d’entreprises et de mégafermes industrielles.
Suivre l’adage populaire « mieux vaut prévenir que guérir » implique de combattre cette mégamachine, notamment via l’adoption de politiques de relocalisation alimentaire, un soutien massif des pouvoirs publics à une agriculture véritablement paysanne et une sortie des accords de libre-échange livrant notre agriculture aux forces du marchés.
Lucile Leclair, Pandémies, une production industrielle, Seuil, 2020.
À lire sur le blog : « Le coronavirus: aux limites de l’économie capitaliste »
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Lucile Leclair se réfère dans son livre à « Big Farm make Big Flu » de Robert Wallace, phylogéographe américain. J’ai traduit de livre pour un collectif anti-normes industrielles dans les élevages. Si cette traduction vous intéresse, je peux vous la transmettre sans autre forme de procès.
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