Notre monde, c’est l’ailleurs

À la recherche d'un ailleursL’ailleurs qui met les êtres humains en mouvement. L’ailleurs qui les distrait de leur géographie immédiate, les fait rêver, les fait aimer ce qu’ils ne connaissent pas mais qu’ils désirent déjà. Tour d’horizon avec le photographe Steve McCurry.

L’ailleurs se construit par l’imaginaire, par les images. Il combine «le banal et l’étrange, l’inconnu et le familier.» Pour Pico Iyer qui a publié L’art d’être immobile (2016) et préface le magnifique album de Steve McCurry, A la recherche d’un ailleurs, nous voyageons dans des pays lointains pour rencontrer le banal et l’étrange, «un monde différent et terriblement semblable au nôtre. Ou pour le dire autrement, notre monde – fabuleusement traduit ».

À la recherche d'un ailleurs

Un joggeur court après son ombre sur le Momo Dois Irmaos (la colline des deux frères) offrant une vue spectaculaire sur la baie de Guanabara et ses îles (Brésil, Rio de Janeiro, 2009) DR. Steve McCurry

Les photographies de Steve McCurry donnent un visage, parfois une voix à des visages et «réduit la distance qui nous en sépare». Car la distance est bien cette barrière invisible entre les êtres et les lieux qu’il faut briser. Pour ceux qui ont parcouru les lieux offerts par Steve McCurry dans cet album, la Birmanie, Cuba, l’Ethiopie, le Népal, le Viêtnam, le Cachemire, l’Italie, le Brésil, etc., il y a une méditation «sur ce qui dure et ce qui ne dure pas. Sur ce que l’on subit et ce que l’on surmonte», la misère et la guerre souvent en arrière-plan mais aussi la lumière «inextinguible» des regards.

Comme le tourisme, la photographie est une expérience de l’altérité qui porte une charge de violence entre le grand théâtre des conflits et «nos zones de confort». Entre nos idées étroites de citadins enfermés qui rêvent de soleil et cette poésie de John Updike : «La pluie est une grâce / La pluie est une offrande / Du ciel à la terre».

Wadi Rum, Jordanie, 2019. Les bédouins éleveurs de Wadi Rum conduisaient leurs troupeaux de chèvres à dos de chameau, guidés par les bons pâturages. La plupart sont sédentarisés dans le village de Rum, mais d’autres préfèrent toujours nomadiser. DR. Steve McCurry

Réconciliés avec les éléments, nous apprécions la nature profondément altruiste de Steve McCurry fasciné par les moines bouddhistes du Népal ou du Myanmar. Une nature qui apaise le monde, lui ôte cette frénésie des armes en posant son objectif sur les êtres vulnérables que sont les enfants, les vieilles femmes et les hommes cassés par la fatigue. On est juste devant le mystère de la destinée, le sort qui pousse Khaled Hosseini, cité par Steve McCurry à écrire : «Les réfugiés sont des mères, des pères, des sœurs, des frères, des enfants qui nourrissent les mêmes espoirs que nous : sauf qu’un coup du sort a lié leur vie à une crise mondiale d’une ampleur sans précédent».

Ainsi, l’ailleurs et ses visages prennent une dimension politique qui donne à leur géographie la marque du destin. Un destin qui, pour Camus dans Le Mythe de Sisyphe, n’est jamais une punition.


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